Le 08 janvier 2021
Yves Bos
Cap'taine à Bos
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Le 08 janvier 2021
Yves Bos
Cap'taine à Bos
Les verres qui s’entrechoquent sont souvent les prémices d’une bonne soirée, non parce que l’alcool délie les langues et fluidifie les comportements sociaux (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, hein…), mais parce que l’acte même de trinquer symbolise le plaisir d’être ensemble et de partager un moment agréable autour d’un verre.
La légende aussi tenace que douteuse, est moins gaie qu’il n’y paraît, puisqu’au moyen-âge les convives échangeaient le contenu de leurs verres en les entrechoquant bruyamment afin d’éviter l’empoisonnement. Se regarder dans les yeux était alors plus une garantie de survie que de sept ans de mauvais sexe…
On est loin des traditions festives d’aujourd’hui, mais ce qui a perduré malgré tout est l ‘usage du mot « santé" pour marquer la bruyante collision des godets.
S’il paraît aujourd’hui étrange d’user du mot « santé » pour consommer un produit notoirement néfaste à haute dose, l’humanité a longtemps préféré la bière ou l’alcool à l’eau pour de simples raisons de conservation, l’eau croupissant rapidement.
Aussi incroyable qu’il puisse paraître, boire de l’alcool était alors un gage de bonne santé, d’où la joyeuse et anachronique injonction universellement partagée d’Europe au Vietnam. Exception notable, les Chinois et Japonais, moins hypocrites, s’encouragent plus à vider leur verre qu’à se maintenir en bonne santé, avec une traduction plus ou moins littérale de notre « cul-sec ».
C’est pourquoi on ne porte pas de toast avec un verre d’eau : si celle-ci ne porte pas malheur, ferrugineuse ou non, elle n’a pas toujours été le gage de bonne santé qu’elle est aujourd’hui, et Julia Roberts n’aurait pas eu son Oscar pour Erin Brockovich. Les temps ont changé bien sûr car l’alcool, s’il est modérément toléré dans son usage festif et social, l’est beaucoup moins, consommé seul. Père de tous les vices, il mènera aussi certainement qu’un tome de Zola, à l’alcoolisme, la solitude, la déchéance, sociale et le délabrement physique.
Les amateurs de Beaujolais Nouveau le savent : un mauvais alcool peut faire passer de bons moments, et celui-ci n’est clairement pas la finalité des soirées passées à le boire. Les clients du bar bruyant et celles du salon de thé feutré savourant quelques sandwiches au concombre autour d’une théière d’Oolong recherchent finalement la même chose : le partage d’un moment convivial autour d’une boisson.
Voilà, le mot est lâché : ces beuveries à répétition dans les bas-fonds enfumés des assommoirs, ne seraient-elles finalement qu’une excuse à la convivialité ?
Le mot forgé par Brillat-Savarin, évoquant le goût des réunions joyeuses, des festins, le partage de la table, est également défini par le Larousse comme la capacité d'une société à favoriser la tolérance et les échanges réciproques des personnes et des groupes qui la composent.
La convivialité c’est le partage, la réunion, l’échange, le lien social. Des valeurs tellement universelles, que le terme a quitté le cocon du cercle familial et social pour se répandre un peu partout :
Ces termes à l’étrange modernité, revendiquent des valeurs communes d’harmonie, d’hospitalité, d’échange et de partage au sein d’un espace commun.
Ils sont pourtant dévoyés et à l’opposé finalement de la définition du philosophe, théoricien et auteur de La convivialité, Ivan Illitch, pour qui elle est un but utopique vers lequel tendre, malgré l’aliénation des hommes à leur outil de production.
Bref, la définition actuelle de la convivialité c’est avant tout le partage. Celui de la table, du moment, d’un repas ou d’un verre.
Par essence, la convivialité c’est le lien social.
Il y a un an à peine, légers et grisés par les bulles, nous nous souhaitions, en nous embrassant sans distanciation aucune, une bonne année et une bonne santé.
Nous n’aurons eu ni l’une ni l’autre.
Se protéger du virus c’est d’abord se couper de l’autre, avec des conséquences dramatiques pour notre santé mentale car l’homme est un animal grégaire qui se délite dans la solitude.
Une étude américaine parue en Novembre affirme que la plupart des sondés, qui ont pour 61% éprouvé un sentiment de solitude et moins de lien social pour 58%, ont vu corrélativement croître leur consommation d'alcool (58%), toxicomanie (56%), anxiété (76%) et dépression (78%).
Parmi eux, 80% ont déclaré avoir bu de l'alcool, 30% une consommation excessive et une dépendance, enfin 19 % ont fini par avouer une beuverie (binge drinking) hebdomadaire, et 44 % une beuverie hélas mensuelle.
Même la Bise, star incontestée de la sociabilité à la française, tellement populaire et codifiée qu’elle a sa propre géographie, est menacée.
Éradiquée par la Peste Noire en même temps que 50% de la population européenne, la Bise ne réapparaît qu’au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale: baisemain chez les nantis, bécot sur la joue chez les prolos, avant de se réinstaller définitivement de la manière codifiée que l’on connait aujourd’hui.
Un siècle plus tard, la mysophobie (peur du germe) et la distanciation sociale offrent enfin aux femmes - rarement enchantées à l’idée de se faire bavoter sur les joues par de parfaits inconnus - une opportunité unique de se libérer de ce carcan en limitant la pratique au premier cercle.
La poignée de main est aussi en danger : l’épidémiologiste Américain Anthony Fauci a confié au Wall Street Journal qu’il «ne pense pas que l’on devrait jamais se serrer à nouveau la main », alors que de nombreux experts trouvent la pratique d’un autre âge dans une société consciente de la dangerosité des germes.
La distanciation, c’est la peur de l’autre. La fin du mélange, c’est celle de la tolérance. La fin de la convivialité c’est celle du lien social.
Après neuf mois de confinement, de déconfinement, de reconfinement, de couvre-feu en fermeture, on aimerait bien un retour à la normale, ou mieux encore à l’extrême : discuter à s’en postillonner la trogne sur le trottoir bondé du bar d’en face, embrasser goulûment la jolie brune rencontrée en concert, boire dans le verre de son voisin en boite, ou sautiller follement dans la chaleur moite d’un festival…
En attendant on s’est adapté.
Au départ, en abusant des apéros Zoom pour constater qu’ils n’étaient qu’un pâle reflet de la réalité. Parce ce que l’interaction sociale sans la présence physique de l’autre est finalement artificielle. Parce que les conversations simultanées sur un même écran ne sont pas les discussions parallèles de 2 heures du matin dans la cuisine. Parce que finalement, une histoire racontée sans prendre le bras de l’un, tout en plantant les yeux dans ceux de l’autre, c’est de la petite bière…
On a ainsi constaté que la convivialité ne dépend pas du nombre, mais aussi de la qualité des convives, et on a finalement réappris à faire la fête non seulement à six, mais aussi de 19:00 à 21:50.
Entre la dépression latente, le service minimum des relations sociales et pour beaucoup, une peur légitime de s’exposer inutilement à la maladie, beaucoup resserrent les rangs, limitent les interactions et découvrent ainsi des amitiés insoupçonnées à la faveur d’une vie sociale limitée à sa plus simple expression.
On passe aussi plus de temps confronté à soi, dans une période plus propice à l’introspection, où les distractions sociales sont réduites, rejoignant Pascal dans sa réflexion sur le divertissement.
Spectateurs impuissants de la destruction de nos carrières, de nos commerces et de pans entiers de notre économie, c’est aussi l’occasion d’avoir un autre regard, plus bienveillant, sur nous même, nos échecs et nos attentes.
Pour nous, brasser des bulles est surtout un prétexte à la convivialité. Nous pensons que pour chaque convive, chaque occasion, chaque endroit correspond une mousse.
C’est pourquoi nous n’avons pas de marque en nom propre mais développons des bières sur mesure, en co-création avec des professionnels CHR, ou sur TheBeerFab pour les particuliers.
Une démarche qui permet à nos clients et amis de personnaliser leur bière à leur image, et à l’image des instants partagés autour d’elle.
La brasserie accueille des expositions, des stages, fait place aux fêtes hebdomadaires « Chillin' Bos » en été et « Boum » en hiver, offrant musique, BBQ, pétanque et ambiance chaleureuse à tous, amateurs de bières ou non.
Alors on a hâte de vous revoir ! A bientôt ! Tchin !